• À Madame Charles-Augustin Sainte-Beuve.

     




    À Madame 

    Ô laissez-vous aimer !... ce n'est pas un retour,
    Ce n'est pas un aveu que mon ardeur réclame ;
    Ce n'est pas de verser mon âme dans votre âme,
    Ni de vous enivrer des langueurs de l'amour ;
    Ce n'est pas d'enlacer en mes bras le contour
    De ces bras, de ce sein ; d'embraser de ma flamme
    Ces lèvres de corail si fraîches ; non, madame,
    Mon feu pour vous est pur, aussi pur que le jour.
    Mais seulement, le soir, vous parler à la fête,
    Et tout bas, bien longtemps, vers vous penchant la tête,
    Murmurer de ces riens qui vous savent charmer ;
    Voir vos yeux indulgents plus mollement reluire ;
    Puis prendre votre main, et, courant, vous conduire
    À la danse légère... ô laissez-vous aimer !

    Charles-Augustin Sainte-Beuve.

    À Madame  Charles-Augustin Sainte-Beuve.

    Abazakari



     

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